18 Jan Résidence croisée 2020 // Québec et Mexique
La sœur la plus grande du monde
Accueilli pour une première fois lors de la résidence croisée soutenue par Casteliers et le Conseil des arts de Montréal en 2018, l’artiste mexicain Diego Ugalde de Haene de la Compañía Banyan de Marionetas de Amealco (État du Querétaro), revient à Montréal pour poursuivre sa création à la MIAM autour de la symbolique et des savoirs ancestraux des semences de maïs. Son projet de création, à cheval entre sa province natale et le Québec, sera réalisé avec la collaboration de membres de la communauté autochtone ñäñho (otomí) de Amealco au Mexique et de membres de la communauté Kanienʼkehá꞉ka (mohawk) de Kahnawake au Québec. Parmi ces derniers : Stephen McComber, gardien des semences, Marion Delaronde, marionnettiste et activiste de la langue Kanienʼkéha.
La sœur la plus grande du monde raconte l’histoire d’une petite fille qui doit faire un long voyage pour récupérer la semence originale du maïs et sauver son peuple de la faim. C’est un récit sur le périple extraordinaire du maïs chez les premiers peuples de l’Amérique, sur leur culture similaire et distinctive sur cet immense territoire, sur les enjeux contemporains qui mettent en péril la diversité des semences du maïs et les cultures autochtones qui les protègent.
Ce spectacle s’adressera à toute la famille et mettra en valeur la promotion et la préservation des langues autochtones. Il sera présenté au Québec en français et en kanienʼkéha (langue mohawk) et au Mexique en espagnol et en hñäñho (langue otomi).
Deux étapes de création sont prévues au cours de l’hiver-printemps 2020 :
- Du 3 au 16 février 2020 : résidence de Diego Ugalde à la MIAM à Montréal, accompagné de Raul Miguel Benito de la communauté ñañhoà
– Fabrication et répétition;
– Traduction des dialogues en Kanien’kéha;
– Ateliers de médiation culturelle à Kahnawake et à la MIAM : écriture, technique traditionnelle turque des marionnettes d’ombres (fabrication et manipulation), cuisine et histoires autochtones du maïs.
- Du 24 février au 1er mars 2020 : résidence de création de Stephen McComber, gardien des semences de Kahnawake, au Cineteatro Ar Zá au village autochtone à Amealco, pendant la Feria Del Maíz à Amealco.
– Fabrication et répétition;
– Ateliers de médiation culturelle au Cineteatro Ar Zá;
– Culture et cuisine du maïs traditionnel Kanienʼkehá꞉ka;
– Dialogue entre représentants Kanienʼkehá꞉ka et Ñäñho pour développer des stratégies pour la préservation des semences traditionnelles.
Cette résidence bénéficie du soutien du Ministère des relations internationales et de la Francophonie du Québec.
DIEGO UGALDE DE HAENE, directeur de la Compañía Banyan de Marionetas (depuis 2003)
Diego est un spécialiste du théâtre d’ombres qui, après de nombreux voyages en Europe et en Orient, a commencé à construire des ponts entre les traditions millénaires de l’Asie et le monde contemporain. Il a notamment travaillé avec Cengiz Özek, grand maître de la tradition turque de théâtre d’ombres, technique avec laquelle Diego a raconté des histoires nouvelles et traditionnelles adaptées au contexte actuel. Durant ce voyage il a aussi développé une passion spéciale pour les langues, apprenant entre autres le turc, l’arabe, le farsi et le hindi. À son retour au Mexique, cet intérêt l’a amené à étudier les langues autochtones et à s’impliquer pour leur défense. Accueilli par Casteliers lors d’une première résidence de création d’un mois à Montréal en mars 2018, Diego a travaillé sur une nouvelle création en théâtre d’ombres, autour des mythes entourant la culture du maïs à travers les différentes cultures amérindiennes, avec un focus sur la culture ñäñho (otomi) de sa région au Mexique et celle des mohawks de l’Amérique du Nord. Il avait alors visité Kahnawake à maintes reprises, rencontré des membres de la communauté Kanienʼkehá꞉ka et échangé avec eux des histoires, des chansons, des recettes traditionnelles et des cérémonies autour du maïs, développant une amitié fraternelle. Diego avait aussi profité de cette résidence pour rencontrer plusieurs marionnettistes québécois et amorcer l’écriture dramaturgique du spectacle et la confection de premières silhouettes en peau, selon la technique traditionnelle turque.
Lors de cette résidence, Diego a été étonné d’apprendre que même si c’est bien vrai que le maïs a été domestiqué au Mexique il y a environ 8 mille ans, il a ensuite conquis tout le continent. Partagé de famille en famille, de nation en nation, très lentement et avec un soin extraordinaire, le maïs est arrivé en Arizona il y a 4 mille ans ; il a traversé ensuite les Grandes Prairies et est arrivé il y a environ 2 mille ans aux territoires de ce qu’est maintenant le Canada. Le maïs n’a pas voyagé seul, il a emmené avec lui d’autres semences cultivées et la façon de les préparer. Ainsi, pendant des milliers d’années, notre continent a partagé semences, connaissances et culture en général, à travers les barrières géographiques et linguistiques. C’est cette histoire extraordinaire, que toute personne sur notre continent devrait connaitre, que Diego souhaite raconter, telle une fable pour comprendre l’absurdité des frontières artificielles qui nous séparent maintenant et l’importance de ne jamais perdre le précieux trésor bio-culturel encore présent dans nos racines millénaires.